_ Ma foi, si tel est ton désir... Mais seulement si tu arrives à reformuler ce message avec politesse. Là, je tenterais certainement de fermer mon clapet...

D'accord je l'avoue, j'y suis allé un peu fort avec la demoiselle. Surtout que je viens de la sauver de l'écrin de glace don elle était prisonnière, du moins sa langue, c'est à n'y plus rien comprendre en fait. Mais enfin, on ne change pas l'étalon que je suis pour autant, même si des fois je ne devrais pas passer mon temps à me moquer des gens d'une façon ou d'une autre, ou même de leur ordonner quelque chose sans aucune politesse. Elle continue.

_  ... Et accessoirement de te remercier.

Malgré mes sautes d'humeur du moment que cette renarde à dû le remarquer vu ma réponse légèrement cinglante, je suis un peu étonné d'entendre des remerciement. Je l'observe plus en détail; sa tête est entouré d'une épaisse crinière d'argent perlée de noir où sont noyées une paire d'oreille triangulaire légèrement arrondies, tout comme le reste de son pelage qui montre quelques pigments blanc au milieux de cette mer de brun et d'argent. Deux yeux couleur cuivre percent comme de la neige dans une plaine verte comme les pins sont pelage sombre. Comme je vois qu'elle ne semble pas décider à arrêter de me rappeler mon comportement certes dédaigneux, je me tais et la laisse finir.

_ Et si tu te fiches de la politesse, il sera de même pour moi et ainsi tu pourras repartir faire le sauveteur hâbleur quelques km plus loin. À moins que tu sois aussi flemmard que fanfaron. Et puis, un étalon comme toi, ça m'étonne bien qu'il n'ait pas de clan.

Elle marque un point. Décidé à reprendre la conversation d'une façon beaucoup moins agressive, je me décide à employer cet éternel vouvoiement que j'apprécie d'user en compagnie de d'autres. Certes elle va sûrement trouver ça très haut perché et ou même croire que je flirte pour rattraper mon coup. Bien sûr je ne flirte pas, déjà parce que je suis un cheval et elle une renarde, mais que là la situation est assez tendue pour l'instant.

_ Pardonnez moi de mon impolitesse, il est vrai que j'ai démarré au quart de tour comme cela m'arrive souvent. Sûrement la faute à la fatigue qui à la chic pour me mettre en rogne dès la moindre contradiction ou perturbation. Quant à mon troupeau, disons que j'ai légèrement égaré mon chemin pour y retourner.

Je dois vraiment avoir l'air con, paumer son troupeau composé d'une bonne trentaine de membre en pleine péninsule alaskienne ça doit pas être donné à tout le monde. Cependant j'ai confiance en cette immense 'famille' comme je me plaît à le dire. Il m'est déjà arrivé de m'absenter pendant plusieurs jours mais le troupeau bénéficie  d'une très bonne protection, assuré par des équidés prêts à défendre les leurs. Même si j'aime me balader dans tout les endroits possibles et inimaginable, j'ai toujours une certaine tension lorsque je quitte les miens. Enfin brefs, revenons à nos moutons. Ou plutôt à nos renards.

_  Mais bien que vous sembleriez me prendre pour un beau parleur, je comprends tout à fait, on me voit souvent comme ça. De plus que le fait de se perdre en pleine Alaska doit paraître extrêmement idiot à vos yeux. Mais...

Alors que j'allais continuer, un poids soudain me percute les postérieurs. Je couine légèrement et, par réflexe, je fais un écart en prenant garde où je pose les sabots et veille à ne pas donner de coup de pied en arrière. Là aussi je fais taire mon instinct primaire qui me dicte de fuir à vive allure. Mais je suis pas un mauviette, je reste calme et garde le contrôle sur moi même. La luminosité est si basse, surtout ici, que je vois à peine ce qui est arrivé d'un coup perturber notre conversation. La chose, enfin l'animal, débite rapidement un << Euh...vous ne pourriez pas discuter ..à la lumière ? >> avant de détaler vers la sortie, plus par peur que par enthousiasme. En même temps vu ma corpulence ( et mes muscles saillants huhu) je dois faire pâlir les animaux plus petit comme moi. Même les ours qui sont de taille similaire, avec un peu d'entraînement. Enfin elle -je suppose que c'est une femelle au son de sa voix- a raison et je me déplace jusqu'à l'entrée de la grotte.

_ Encore une fois je suis navré de vous avoir parler de cette façon, dis en direction de la renarde d'argent. Quant à vous, vous pourriez faire plus attention, le sol est remplis de plaque de glace et ça deviens vite dangereux de se déplacer.

Allons, je vais plutôt me la jouer plus calme et moins agressive je pense que ça passera mieux.

La renarde s'inclina devant moi, le dos arc bouté, puis elle se releva.

_ Je vous remercie pour cette preuve de générosité; ce conseil contre les plaques de verglas nous sera certainement bien utile à l'avenir ! Je vous plains d'avoir perdu votre troupeau; ça doit être désagréable.

_ Je vous l'accorde, il est fort désagréable de se perdre.

Ouaip. Quand ça m'arrive je me sens généralement très con. Mais le principal c'est que je retrouve toujours mon chemin, avec en prime mon troupeau. Depuis quelques temps nous sommes partis en voyage dans ces terres gelées mais je l'avoue, je préfère mes terres sèches et orageuses à celles ci, uniquement constituées de matière froide.

_  Oh et puis, je la connais bien celle-là. S'égarer est mon passe-temps favoris, bien que je ne le fasse pas exprès... Ma pauvre Masha doit tout le temps me supporter !

_ Le quotidien des voyageurs nomades n'est pas de tout repos, se perdre doit certainement faire partit de cette routine. Et cette chienne est donc votre amie ? Fort bien.

_ Je manque à tous mes devoirs ! Je me présente, Awigen, renarde argentée, et voici Masha. Nous vivons ensemble depuis sa tragique histoire. Sa voix se brise légèrement lorsqu'elle mentionne le nom de son amie. Et vous ?

_ Fort bien, ravie de vous rencontrer. Mais moi aussi j'ai été impoli, rectifions donc le tir; je me présente, Tekoa, Paint Horse et chef de tribu. J'occupe un territoire dans le Colorado, bien au sud des Amériques.

En parlant des territoires, je dois juste espérer que personne ne se les aient approprié. M'enfin, quelques morsures et deux ou trois coups de sabot devraient faire l'affaire pour faire fuir les occupants surprise. Le froid me picote et me chatouille la peau, alors je m'ébroue. Après avoir renâclé un peu, je me tourne vers mon interlocutrice.

_ Vous aviez dit avoir connu une tragique histoire, puis-je vous demander de me la raconter, si ce n'est pas indiscret de ma part. Oh et, puis-je passer la nuit en votre compagnie ? Un étalon comme moi ne devrais pas avoir trop de problème pour survivre ici, mais de la compagnie ne fais rien de mal.