Ici, on ne trouve pas beaucoup d'arbres. C'est pour ça que je vole. Juste la vallée élancée, mais la fumée étouffante des volcans en éruption me pollue les poumons. Ce serait un avantage et un désavantage si une victime venait ici, car l'environnement me permettrait de me fondre dans le paysage, mais, si moi le peux, pourquoi pas ma proie ? C'était ça le dérangement. Intéressé par les volcans, et par mon courage et surtout mon audace légendaire, je ne souillerai pas le nom du Flamboyant et par conséquent, aller au-dessus d'un volcan n'est rien pour moi.

  Je toussotais dans l'air enfumé. C'en était presque à croire que la fumée compressait l'atmosphère à mon passage, bien exprès pour me faire manquer d'oxygène. Le volcan n'était pas loin, ça se sentait autant que ça se voyait; j'avais l'impression de manquer d'atmosphère, mais comme je ne suis ni une mauviette, ni une tapette, je n'allais pas rebrousser-chemin. 

  Me frayant un chemin jusqu'au volcan, je ne pensais pas rencontrer ce que je croyais rencontrer. Le volcan, comme furieux que j'entre dans son espace personnel, cracha d'abord un jet de flamme. Ecarquillant mes pupilles d'un noir profond, je m'envolais, dans des battements d'ailes rapides mais silencieux comme toujours, vers le ciel.

  Me voici enfin en sécurité au-dessus de la couche nuageuse. Le bleu du ciel était revenu ici, mais on entendait le grondement sourd du volcan en éruption. Des vagues de flammes devaient sévir en bas; s'il y avait des habitants ici, pauvres soient-ils, car quand un volcan se déchaîne, ce n'est pas de la rigolade.

  Je m'éloignais du volcan, sans me presser car sinon on aurait pu identifier une mauviette. Pourtant ce n'est pas ce que je suis, un vrai dur à cuir, un mercenaire sans pitié.

  Quand mes orifices détectèrent que le bruit du volcan était assez éloigné, je plongeais en piqué vers la vallée, mais amortissait directement une embardée - sous la couche nuageuse -, car une tâche rousse se faisait voir. Son battement de coeur était régulier, apparemment cet animal ne se sentait pas menacé. Il ne devait pas savoir que non loin de là, le volcan tempêtait. 

  Je jugea que c'était un renard par ses couleurs, son fin museau, ses quatre pattes et son battement de coeur. Mon gésier me disait la même chose. Je lâcha un léger rire de sarcasme, résonnant dans ma tête.

  — Allons bon... Une victime pour me requinquer, ça ne fait pas de mal...

  Ma technique préférée était celle ou je fonçais en piqué vers la proie, afin de l'assaillir dans la surprise. Au moins, ça ne les fait pas souffrir. C'est les victimes avec lesquelles je veux en finir pour de bon, les victimes avec une mort rapide et sans douleur. Sauf que là, je préférais suivre ce renard en douce, car mon gésier me disait qu'il était coriace et que ce serait bien de jouer un peu avec lui... Ou elle.

  À ce propos, je précise bien que je ne respecte aucune loi. Soit, la loi de "Je suis une femelle, tu n'as pas le droit de me frapper." m'est complètement égale. Figurez-vous que ce ne serait pas la première femelle que je tue, si c'en est une.

  Je perdis un peu d'altitude afin de garder un oeil sur le renard. Je planais à une hauteur d'arbre à peu près, derrière elle. Ou lui. La fumée me camouflait.

J'avais vu la fumée de loin et dans ma curiosité naturelle, je m'étais approchée. J'étais maintenant face à une grande plaine, piquetée de rares buissons, surplombée par un volcan sombre qui crachotait. Je toussotai un peu, gênée par la fumée âcre. Je décidai de traverser cette plaine rapidement ; je n'avais pas envie de mourir étouffée. Alors je pris mon élan et, d'un bond énergique, me lançai en courant entre les brumes flamboyantes du volcan. La lave rendait l'atmosphère horriblement chaude, et quelques braises semblaient tomber du ciel. Je ne ralentis, ni ne m'arrêtai une seule fois durant ma traversée de la plaine. Lorsque je sortis de la zone enfumée, j'étais assoiffée et j'avais les pattes tremblantes de fatigue, mais j'étais saine. Je ne toussais plus et je n'avais pas de douleur aux poumons. Je poussai un soupir de soulagement, et continuai ma route en marchant lentement. Ici, la plaine était dégagée, du moins au niveau du sol.
Je repris peu à peu mon souffle, et mon coeur retrouva son rythme normal. Il faisait plus humide et plus frais maintenant, et je pus trouver une petite flaque où me désaltérer. L'eau était croupie et brunâtre, mais tant pis ! Je repris la route, trottinant doucement. Je me sentais bien mieux, à présent sortie des brumes chaudes et désaltérée.
Mais plus je marchai, plus je me sentais bizarre. Comme si j'étais... épiée. Mon instinct me trompait rarement, pourtant je ne pouvais sentir aucune odeur suspecte, ni entendre quoi que ce soit d'inhabituel. Je décidai de continuer à avancer normalement, comme si de rien n'était, mais en étant deux fois plus attentive, l'oreille dressée et la truffe à l'affût.
Le vent changea soudain de direction, m'apportant une odeur relativement ténue venant de derrière moi. Je jetai un coup d’œil derrière mon épaule. Rien. Je compris alors pourquoi je ne voyais rien, et pourquoi l'odeur était ténue.
Ça vient du ciel !
Je levai les yeux et aperçus, à demi-camouflé dans le brouillard, le pelage tacheté d'une chouette. L'oiseau me suivait probablement depuis un certain temps.
Qu'est-ce qu'il me veut, ce piaf ?
Je m'arrêtai et, levant le museau vers l'oiseau, lançai d'une voix forte pour être sûre qu'il ou elle m'entende :

- Hé ! Je peux savoir pourquoi tu me suis comme ça ?

Mon agacement s'était peut-être fait sentir, mais peu importe. Je n'appréciais pas particulièrement être filée ainsi. Ce n'était qu'un oiseau, mais je restai tout de même sur mes gardes. Pas question que ce piaf essaye de me prendre par surprise.

Je volais toujours derrière la renarde.Elle se retourna plusieurs fois, je pense qu'elle ne se sentait pas en sécurité... et elle avait bien raison d'ailleurs.

 Puis à un moment, je ne sais pas comment - peut-être à cause de mes ailes ou d'un courant provoqué par leurs battements -, mais elle se retourna, leva le museau vers moi, et me lança, l'air vexé mêlé de celui qui me semblait être vexé :

  — Hé ! Je peux savoir pourquoi tu me suis comme ça ?

 Pas de réponse. Je m'en garderais bien. Je faisais maintenant du sur-place. Toujours aucune trace de ma voix rauque. Puis, sans jamais prévenir, je disparu dans la fumée volcanique. D'ailleurs, il était toujours en éruption. Par conséquent, je pourrais donc utiliser ceci à mon avantage.

 M'engageant dans les flammes sanguinolentes, qui brûlaient la forêt la plus proche, je m'arma, en plus de mes serres de combat, d'une branche en cours d'inflammation. Ainsi, je revins sur mes pas... enfin sur mes battement, me dirigeant vers la renarde.

 Lentement mais sûrement, j'agrippa la branche et, dans une embardée, me précipita sur la renarde. J'élança mes serres vers l'avant, puis, enfin, en vins à brûler quelques poils de la joue rousse de ma victime. Le feu était mon élément maniable le plus fiable.

 Menaçant, dans un cri perçant, je lâcha le pieu enflammé et, toutes serres déployées, égratigna la deuxième joue de la renarde dans un virage. Je finis par me poser au sol à six mètres environ, et jeta enfin :

 — Tu as de la chance.

 Seulement ça. Mais, dans un éclair moucheté de noir, surmonté d'une couche beige, je m'élança dans les airs, et vola au-dessus de la renarde, en rond copieux. Quand le moment fut venu, je descendis en piqué vers ma proie au centre de mon cercle, et dans un nouveau cri perçant, jeta :

 — Normalement, je cible le coeur !

 Je ne la raterais pas, celle-là...

La chouette ne répondit pas et disparut totalement dans la fumée. Je poussai un grondement sourd entre mes crocs. Stupide piaf ! Je ne bougeai pas ; tous mes muscles étaient tendus. Cet oiseau ne me disait rien qui vaille. Soudain, deux serres apparurent entre le brouillard, tenant un espèce de bâton pointu incandescent. Je n'eus pas le temps de bouger que ma joue me brûla violemment. Je poussai un glapissement aigu, mélange de douleur et de colère. La chouette lâcha son épieu enflammé et revint vers moi. Je tentai de lui mordre les ailes, mais il m'évita et me griffa l'autre joue avant de se poser à une demie-douzaine de mètres de moi. Je sentais la brûlure me ronger la peau et la rage me contracter les muscles. La chouette lança d'une voix relativement grave :

- Tu as de la chance.

De la chance ?
J'étais prête à bondir sur cette saleté de piaf pour l'égorger, mais il s'envola et tourna autour de moi ; il me faisait un peu penser à ces mochetés de vautours. Je ne le quittai pas des yeux, parée à n'importe quel coup bas. D'un coup, il fondit sur moi en piqué, en s'exclamant d'un cri perçant :

- Normalement, je cible le coeur !

Pas cette fois, sale piaf !
J'étais prête, cette fois. Au dernier moment, alors qu'il s'apprêtait à me blesser à nouveau, je frappai violemment son aile gauche de ma patte, toutes griffes dehors. L'instant d'après j'avais atterri quelques mètres en arrière d'un bond gracieux. Je montrai les crocs et grondai d'une voix vibrante de rage et de satisfaction :

- Tu n'es pas le seul à avoir des griffes, le piaf.

Fourrure hérissée, je soutins le regard de la chouette. Ses petits yeux noirs brillaient d'un éclat malveillant. J'avais bien compris que je ne m'étais pas fait un ami. J'ajoutai d'un ton calme et froid :

- Je ne suis pas une souris apeurée que tu peux attaquer impunément. Penses-y avant de t'en prendre à plus grand que toi.

Toujours muscles tendus, je fixai l'oiseau, attendant sa réaction ; j'étais prête à le frapper au moindre coup qu'il tenterait contre moi.

Coriace, la bête. Dans mon attaque en piqué, elle frappa brutalement mon aile gauche afin de me projeter en arrière, interrompant ma chute. Furieux, bouillant de rage, on aurait dis un volcan en éruption que j'étais; sur le qui-vive, je me relevais sans blessures, rangeait mes ailes, et écoutait la renarde. Celle-ci montra les crocs, et parla d'une voix empreinte de rage et de satisfaction :

  - Tu n'es pas le seul à avoir des griffes, le piaf.

  Le piaf ?
  Elle se moquait ouvertement de moi. C'était tout vu : qu'elle dise au revoir à ses yeux ! Quelle audace légendaire qu'elle avait de m'appeler bêtement "le piaf" ! Je ne le supportais pas. Elle reprit sans me laisser le temps de rien faire :

  - Je ne suis pas une souris apeurée que tu peux attaquer impunément. Penses-y avant de t'en prendre à...

  Je n'écouta pas la suite. Manque de bol pour elle, je n'étais pas la bonne personne à qui il fallait tenir tête, oh que non. Qu'elle se garde de ses reproches méprisantes et de son air hautain; je le lui ferais ravaler bien vite, car, une fois sa phrase coupée par mon cri perçant - qui résonna certainement dans ses oreilles et qui la sonna, car avec ma demie-douzaine de mètres et mes clameurs sourdes, je pense que ses oreilles étaient bien remplies -, je déploya mes ailes et, bouillonnant de rage, avec férocité, renversa la renarde audacieuse et l'immobilisa au sol.

  D'une serre, lentement, dans un léger roucoulement accompagnant un petit coup à droite de la tête, j'empoigna son museau, lui créant comme une muselière à renard, et plissais mes yeux d'un air triomphant.

  - Je n'ai que faire de tes reproches, vermine; tu t'es moquée ouvertement DU Flamboyant, le grand, et tu n'aurais pas dû. Essaie de ne pas t'attaquer à quelqu'un dont tu ne connais pas le potentiel, c'est la moindre des choses. Moi, je t'attaque car je sais qui rentrera vainqueur de cette bataille. Et bien entendu, ce sera le Grand, Sa Majesté Le Flamboyant. Sais-tu pourquoi ?

  Voilà qui était bien mieux. Je lui chatouillais quelque peu la joue, l'air menaçant (mes serres arrivaient un peu jusqu'à elles), et plaquais soudainement sa tête au sol, satisfait. Désormais, elle n'aura plus qu'à me respecter, qu'à me vénérer, et bien entendu, qu'à me craindre...

PS => HRP:

Visiblement furieux, la chouette mâle lança un cri perçant qui me vrilla les tympans. Il profita de mon instant d'hébétement pour se jeter sur moi, les ailes déployées. Je voulus reculer, mais je trébuchai et la chouette me renversa. Au moment où j'allais lui mordre furieusement les plumes, sa serre me compressa le museau et je poussai un grondement de gorge sourd. Visiblement satisfait, l'oiseau plissa ses petits yeux vicieux et déclara d'une voix où perçait son égo démesuré :

- Je n'ai que faire de tes reproches, vermine ; tu t'es moquée ouvertement DU Flamboyant, le grand, et tu n'aurais pas dû. Essaie de ne pas t'attaquer à quelqu'un dont tu ne connais pas le potentiel, c'est la moindre des choses. Moi, je t'attaque car je sais qui rentrera vainqueur de cette bataille. Et bien entendu, ce sera le Grand, Sa Majesté Le Flamboyant. Sais-tu pourquoi ?

Le Flamboyant ? Ce nom me disait quelque chose, mais je n'arrivais pas à me rappeler où je l'avais entendu. De toute façon, cette chouette avait cet air arrogant que je ne supportais pas. "Sa Majesté" ? Non mais il se prenait pour qui, cet imbécile de piaf ? Sa griffe effleura ma joue fraîchement brûlée. Rien que pour ça, je lui arracherai les plumes. Il plaqua ma tête au sol, se croyant visiblement vainqueur de cette petite jouxte.
Ne rêve pas stupide piaf ! Tu as peut-être immobilisé ma tête, mais mes pattes et mes griffes sont hors de ton contrôle...
D'un coup de griffes puissant, je lui arrachai quelques plumes du poitrail, puis lui agrippai les ailes de mes deux pattes avant et roulai sur moi-même, le plaquant au sol sous mon poids. La situation s'était inversée, et maintenant c'était moi qui le maintenais au sol sous mes griffes. Je plongeai mes yeux dans le regard sombre de l'oiseau et lui crachai au visage en articulant son surnom avec mépris :

- Maintenant tu vas m'écouter, "le Flamboyant". Je n'ai pas envie de te tuer, mais si tu continues à m'importuner je n'hésiterai pas un instant à plonger mes crocs dans ta petite chair de chouette.

Pour illustrer mes paroles j'attrapai son cou entre mes crocs, serrai un peu et poussai un grondement menaçant. En tant que canidé, j'avais une dentition redoutable, et cet imbécile allait bien finir par me ficher la paix. Puis je lâchai ma prise sur sa gorge et lui rendis son regard furieux. Je déclarai d'une voix froide :

- N'oublie pas que je suis un prédateur, moi aussi.

Je lui jetai un petit regard méprisant, puis le lâchai totalement et commençai à m'éloigner en marchant tranquillement.
Tu n'en vaux pas la peine, crétin de piaf...
Un imbécile pareil ne méritait que d'être ignoré, alors je m'en allai sans me retourner une seule fois sur sa tronche de sale oiseau.

Grâce au timbre de la voix du renard, j'identifiais une femelle. Qu'elle le veuille ou non, elle ne ressortira pas triomphante de ce conflit. Conflit parmi tant d'autres, d'ailleurs. Mais, d'un coup de griffe violent, elle m'arracha mon beau plumage au niveau de mon poitrail. La roue avait tourné; dés à présent, mes ailes étaient emprisonnées au sol, par ses pattes fines mais fortes. Elle plongea un regard froid sur moi, et je le soutins sans ciller. Elle me cracha au bec, d'un ton acerbe - ce que je détestais :

 - Maintenant tu vas m'écouter, "le Flamboyant". Je n'ai pas envie de te tuer, mais si tu continues à m'importuner je n'hésiterai pas un instant à plonger mes crocs dans ta petite chair de chouette.

 Je lâcha un léger rire sarcastique. Elle, me tuer ? Mais qu'est-ce qu'elle croit ? Elle ? J'espère que c'est une blague. "Petite chair de chouette" ? Je vais lui faire ravaler ses paroles, elle verra bien de quel bois je me chauffe ! De plus, elle m'empoigna dans sa gueule, serra la prise et grogna, l'air intimidant - ce qui ne m'atteignis point.

 - N'oublie pas que je suis un prédateur, moi aussi.

 Un... Un prédateur ? Comment ose-t-elle se prétendre prédatrice ? J'aimerais savoir. Et moi, écumant de rage par sa méprise légendaire, je n'allais pas rester penaud ici. Elle me jeta un regard rabaissant, oblique; mais qu'est-ce qu'elle croyait ? J'hallucine !

 Puis elle s'égare. L'air de dire que je ne vaux rien. Que je ne vaux pas la peine d'être pris au sérieux. Je me relève, menaçant. D'un geste d'aile majestueux, je me rapproche du pieu autrefois incandescent. Plus maintenant. Dans ce cas...

 A l'aide de plusieurs battements d'ailes vigoureux mais tout en restant gracieux, je m'élève dans les airs et décide de prendre un détour par la forêt pour ramasser des charbons incandescents à balancer dans la tronche de cette femelle irritante. Par ce passage, je serais réapparu devant la renarde pour exécuter une attaque frontale.

  Bonne idée...


  Ceci étant dit, je m'élança à travers la chaleur étouffante, qui n'était rien qu'un climat normal pour moi - j'étais éventuellement habitué, ce n'était pas pour rien que l'on m'appelait Le Flamboyant, je vous en prie.

  Le feu sembla m'engloutir; et pourtant, ce n'était pas le cas. Ramassant des charbons, même des pieux ardents, mes ailes symétriques, bien droites, je me rapproche copieusement de la femelle et plisse mes muscles oculomoteurs, l'air déterminé à lui ficher une bonne raclée.

  Qu'elle n'oubliera pas, d'ailleurs. Un fois à découvert, je prends un courant ascendant, me propulsant en avant pour prendre ma victime plus en surprise. Puis, tandis que je m'enfonçais vers elle, les cumulus guettaient comme s'ils prévoyaient une attaque. Couvrant la vallée d'ombres dansantes, elle accompagnaient l'ambiance.

  Mes serres balancées en avant, je lâchais prise sur les charbons, qui tombèrent en pluie sur la renarde. Ensuite, je passa sous elle, et d'une serre (dans l'autre j'avais gardé un pieu), agrippa la patte de la renarde afin de la faire tomber.

  Pour finir, je me pose lourdement sur son dos et prends garde à bien l'immobiliser - pattes, tête, queue. Elle n'en sortira pas ! Elle n'avait qu'à ne pas me traiter ainsi... Je suis tout de même LE Flamboyant, le Grand, le Fort ! Le mercenaire au corps de glace, celui qui vous menace.

  - Tu vas voir, je vais t'aliéner... ne bouge plus, ma renarde; ou je te crame les poils...

  Avançant le pieu vers son museau, plissant mes paupières, je souriais de plaisir à exercer cet acte sadique comme je les aimais tant.

Je continuai à marcher, pas mécontente de m'éloigner de cette chouette cinglée.
Pfff, franchement... Le "Flamboyant" ? C'est ridicule... Je n'ai pas que ça à faire, moi, de m'occuper d'un taré de piaf...!
La fumée commençait doucement à s’estomper, et ce n’était pas désagréable. Je poussai un petit soupir en contemplant les ombres des nuages qui s’étendaient sur le sol.
Vivement que je sois sortie de cette vallée enfumée ! J’en ai plus qu’assez de cette espèce de brouillard suffocant...
Soudain, un sifflement du vent me fit tendre les muscles.
Encore cette chouette de malheur ?
Je levai la tête juste à temps pour voir une pluie incandescente me tomber dessus. Je m’écartai en vitesse et réussit à en éviter la plupart ; deux bouts de charbon m’égratignèrent le dos et je glapis de rage.
Il va pas me ficher la paix, celui-là ?!
À cet instant, l’oiseau passa sous mon ventre. Surprise, je ne pus pas garder mon équilibre quand il m’agrippa la patte avec sa serre griffue. Je le sentis se poser lourdement sur mon dos ; ses griffes m’éraflèrent le dos. Mes pattes étaient bloquées sous mon ventre et compressées par nos poids combinés. Je poussai un grondement furieux. La voix de la chouette résonne dans mes oreilles. Le piaf a l’air très mécontent.

- Tu vas voir, je vais t'aliéner... ne bouge plus, ma renarde ; ou je te crame les poils...

Ma renarde ?! Non mais je rêve !
Le pieu que la chouette tenait s’avança vers mon museau.
Alors là, même pas en rêve !
J’ouvris la gueule d’un coup et agrippai le pieu, l’immobilisant entre mes crocs. Puis je tirai avec force pour l’arracher à la chouette et le lançai au loin.
Qu’est-ce que tu vas faire, sans ton pieu, le piaf ?
Pieu, piaf... Amusant, ça se ressemble. Profitant qu’il n’ait plus son bâton, je me débattis de toutes mes forces en grondant furieusement pour le virer de mon dos. D’un coup de crocs soudain, je mordis furieusement une serre du piaf que j’aperçus au coin de mon œil. Le sang gicla, éclaboussant mon museau. D’un coup de tête violent, je lançai la chouette par sa serre blessée. Son poids et ma position ne me permirent pas de l’envoyer très loin, mais suffisamment pour que je puisse me relever, les pattes endolories et le cœur battant. Je m’ébrouai et léchai le sang qui me maculait les babines. Je lançai à la chouette d’une voix brûlante de rage tout en m’éloignant déjà :

- Trouve-toi donc un autre souffre-douleur et fiche moi la paix !

Puis je m'élançai en courant le plus vite possible ; je voulais mettre le plus de distance possible entre moi et lui.
Tant pis s'il me traite de lâche ! J'en ai assez, de ce foutu piaf ! Il n'a qu'à s'estimer heureux d'être encore en vie.
Je décidai qu'une fois débarrassée de cet imbécile, je serai bien moins indulgente avec les oiseaux. Autant les tuer tout de suite, ça évite les problèmes. Il ne me restait plus qu'à trouver une grosse flaque pour calmer les brûlures et nettoyer le sang qui me barbouillait le museau.

Okay ! Je le conclu dès maintenant. :3