Qui êtes-vous ?

• Espèce incarnée : Perroquet Jaco/Perroquet Gris du Gabon
• Prénom : Ayela
• Âge : 20 ans
• Sexe : Femelle
• Réside en : Née au Kenya, vit actuellement en Sicile
• Statut : Sauvage

Je ressemble à ...

Ayela est une femelle ara Jaco, au beau plumage cendré parcouru de reflets d’argent et toujours ébouriffé. Sur sa tête, ses plumes sont d’un gris clair presque blanc, qui fonce peu à peu jusqu’à sa queue d’un joli rouge vif. Son bec est d’un noir ébène lustré. Autour de celui-ci et des yeux d’Ayela s’étalent des petites plumes d’un blanc pur, mettant en valeur ses grands yeux pétillants d’un superbe bleu sombre comme les profondeurs de l’océan. Les plumes de ses ailes sont effilées et d’un beau gris perle luisant.
Plutôt petite pour son espèce, elle reste cependant très habile de ses serres et de son bec, comme ses congénères. Plus légère aussi, avec une carrure plus fine, elle a une allure frêle, presque fragile. Ses ailes, plus petites et moins fortes que les autres perroquets, la portent moins longtemps qu’elle le souhaiterait, et elle se fatigue vite par temps de grand vent, d’orage ou de grêle.
Sous les plumes de son poitrail, qui ont repoussé, on peut apercevoir une longue balafre effilée qui part de son menton pour se terminer sous son aile gauche.

Je pense donc je suis ...

Ayela est une jeune femelle pleine d’entrain et débordant d’optimisme. Elle connaît la valeur de la vie et la savoure pleinement, profitant de chaque instant, de chaque paysage, de chaque parfum… Elle est très curieuse et aventureuse, et possède un solide sens de l’humour. Elle est très attachée à ses valeurs, qu’elle tient de son grand frère Dunari, qui sont la justice, la bienveillance, la liberté et le rêve. Car elle est très rêveuse, et recherche sans cesse l’évasion et l’émerveillement. Il lui arrive souvent de partir dans de grandes envolées lyriques (qu’elle tient aussi de son frère d’ailleurs) en décrivant ce qu’elle a vu au cours de son voyage ou rêve de voir. Et son plus grand rêve est de voir l’océan. On lui en a tant parlé qu’elle a développé le profond désir de le voir un jour de ses propres yeux. Elle peut facilement se retrouver perdue dans ses songes, la tête dans les nuages, au sens figuré comme au sens propre. En effet, car Ayela adore voler. Sentir le soleil chaud et le vent frais qui gonfle ses ailes, s’élever au-dessus des nuages cotonneux, réaliser des figures compliquées en défiant la pesanteur… Elle adore. Elle a conscience que le vol acrobatique est dangereux, et qu’avec ses courtes ailes elle ne peut pas voler très longtemps, mais elle aime trop l’adrénaline que ça lui procure pour y renoncer.
Elle aime la nature, et plus particulièrement ses couleurs. La couleur est un sujet qui lui tient à cœur. Elle-même se jugeant d’un gris trop morne, trop terne, comparé aux belles couleurs si vives et éclatantes de la nature. Elle n’aime pas son plumage, excepté peut-être au niveau de la queue. Sa belle queue qu’elle aime tant, avec son joli rouge bien vif comme un fruit mûr.
Si elle n’est nullement complexée par sa petite taille, elle est attristée de n’être aussi résistante et endurante que les autres aras, qu’elle jalouse presque. Presque, car Ayela est trop optimiste pour se montrer mesquine. Elle est également très polie et courtoise envers les gens qu’elle ne connaît pas, et elle est très sociable. Mais elle est également très franche. Parfois trop. En effet, à dire toujours tout haut ce qu’elle pense tout bas, il peut lui arriver de se montrer blessante sans le vouloir. Un peu naïve, elle ne se rend pas toujours compte du mal qu’elle peut faire en étant toujours aussi sincère.
Le pissenlit, fleur préférée de son frère aîné, a une grande valeur sentimentale aux yeux d’Ayela, et elle aime plus que tout voir les grains de pissenlit s’envoler dans le vent, car celui lui évoque l’envol de son frère, comme s’il était encore à ses côtés.  
Les seules choses qui l’effraient sont les choses qui ont causé le décès de ses proches. Les servals, les orages… et elle évite le plus possible de se poser sur un arbre mort.

Tout commence par une histoire ...

Ayela est née dans la région aujourd’hui disparue du Kenya. Ses parents, Dono et Flauga, étaient comme elle des perroquets Jaco, de même que ses trois frères et sa sœur de couvée, Dunari, Sidkoe, Ener et Nilia. Dans l’ordre des âges, Dunari était l’aîné, puis venaient Sidkoe, Nilia, Ayela, et enfin Ener, le plus jeune. Ils grandissaient, heureux. Les frères et sœurs s’entendaient à merveille, et leurs parents les éduquaient convenablement.
Mais un sombre jour, tout bascula. Un serval attaqua et dévora Flauga pendant que celle-ci cherchait de quoi nourrir ses enfants. Dono en devint fou de chagrin et, délaissant ses petits, se laissa dépérir sous leurs yeux effrayés. Cette tragédie divisa la petite famille et entraîna de nouveaux malheurs. Nilia, traumatisée et déjà fragile psychologiquement, perdit la raison. Elle se mit à entendre des voix inexistantes, à avoir des hallucinations ; elle avait des sautes d’humeur, devenait profondément paranoïaque, se blessait elle-même en riant… Sa famille ne pouvait rien faire. Elle finit par mourir noyée dans une rivière et dévorée par les crocodiles.
Après cela, Ener, qui aimait Nilia plus que fraternellement, s’enferma dans le mutisme et refusa de s’alimenter. Un soir d’orage, il se révéla introuvable. C’est Sidkoe qui, le lendemain, trouva son cadavre fumant, frappé par la foudre. Si personne n’en parla, tout le monde savait qu’il avait trouvé la mort volontairement. Sidkoe, lui, furieux devant tous les malheurs qui les accablaient, se mit en tête de venger sa famille en tuant le serval qui avait tout déclenché. Il abandonna Dunari et Ayela et partit à la recherche du serval. Jamais plus son frère et sa sœur ne le revirent.
Ayela, écrasée par le chagrin de la perte de ses parents, de sa sœur et de deux de ses frères, faillit se laisser mourir comme leur père. Mais Dunari refusa de l’abandonner et l’empêcha de se laisser mourir. Il chassait pour elle, lui dégotait les plus beaux fruits, lui ramenait l’eau la plus pure. Elle ne voulait plus mourir. En fait, elle semblait ne plus rien vouloir du tout. Elle avait perdu le goût de vivre, en même temps que sa joie et son optimisme. Dunari décida de l’emmener voir le monde pour qu’elle oublie sa peine et se ressaisisse. Il la porta sur son dos. Il était fort et robuste, et elle, petite et légère. Il la porta ainsi des semaines durant, lui montrant les plus beaux paysages d’Afrique. Ils atteignirent ainsi une île au sud de l’Europe, la Sicile, où ils s’établirent quelques temps. Dunari protégeait sa sœur, lui parlait sans discontinuer, d’une voix douce et basse. Il lui parla des arbres, des nuages, des mûres, de la lune, des lucioles, des galets et de l’océan. Peu à peu, Ayela se réveillait, retrouvait son entrain. Par sa détermination et sa dévotion, Dunari avait réussi l’impensable. Il avait redonné à sa petite sœur, sa dernière famille, le goût de vivre. Ayela était redevenue la petite ara joyeuse et optimiste qu’elle n’aurait jamais dû cesser d’être. Dunari et elle vécurent ensemble, heureux, pendant quelques temps.
Puis tout bascula à nouveau quand leur Terre Mère devint folle. Tout s’enchaîna alors très vite. L’épidémie des humains, la mort, et la pandémie qui s’étendit. La nature reprenait ses droits. Cette transformation de la planète redonna espoir à Dunari et Ayela. En effet, s’ils étaient tristes du sort des nombreux humains qui avaient péri et que leur terre natale ait été engloutie sous les flots, Ayela était heureuse de voir que la Terre était sauvée et que sa souffrance s’était atténuée. Dunari partageait l’optimisme de sa sœur. Alors qu’ils admiraient un paysage qui se reconstruisait lentement et naturellement, ils eurent une longue conversation :

« Dunari ? Maintenant que la Terre a repris ses droits, nous sommes libres, n’est-ce pas ? Les hommes ne peuvent plus nous emprisonner.
- Non, Ayela, avait répondu doucement Dunari. Ils ne peuvent plus. Nous sommes libres. Nous pouvons aller où nous voulons. Nous pouvons explorer le monde. Qu’en dis-tu ? Il doit avoir tant changé, depuis l’épidémie.
- J’aimerais voir l’océan. Tu pourrais me parler encore de l’océan ? Tu en parles si bien qu’on croirait que tu y es déjà allé.
- Je t’ai déjà raconté tout ce que je savais un millier de fois, tu sais ?
- Oui, mais j’aimerais l’entendre à nouveau. S’il te plaît, tu es un si bon conteur !
- Si tu insistes… Tu sais bien que je ne peux rien te refuser, hein ? Eh bien, sœurette, l’océan, c’est une grande étendue d’un bleu sombre brillant, comme un lapis-lazuli, mais qui tangue doucement au rythme du vent et qui projette des gerbes de nuages qu’on appelle écume, tout cela en poussant un doux grondement. Il peut être bordé de plages de sable chaud et fin, qui brille au soleil comme un diamant d’or. Ses grains, minuscules, glissent entre les serres comme de l’eau claire, et sont aussi impossibles à emprisonner que le vent. L’océan peut être aussi bordé par d’immenses falaises rocheuses sur lesquelles s’écrasent de grandes vagues, et dans les embruns on peut distinguer des arcs-en-ciel diffus et colorés. Parfois, ce sont de longues étendues de galets ronds et de mille nuances d’argent.
Quand tu es devant l’océan, tu le vois autour de toi, immense, infini, engloutissant l’horizon jusqu’à toucher le ciel. Il se pare de toutes les couleurs possibles, de rose pêche, de bleu lagon, de violet ou de jaune, et le soir, il se teinte d’orange brillant, comme la surface d’une mandarine.
- C’est si beau, Dunari. Si on partait explorer le monde, tu m’emmènerais voir l’océan ?
- Bien sûr.
- Tu promets ? Tu jures sur tes plumes rouges ?
- Je promets. Je te le jure sur toutes les plumes qui recouvrent mon corps, les rouges et toutes les autres. On parcourra le monde. Et on ira voir l’océan. »

Ils partirent le lendemain. Mais peut-être n’étaient-ils pas destinés à voir l’océan ensemble, ou peut-être était-ce la fatalité qui les avait rattrapés ? Nul ne le sait… Quoi qu’il en fût, au quatrième jour de leur périple, ils se posèrent sur un vieil arbre mort. Mais celui-ci, dévoré par les termites, était terriblement fragile, et il s’effondra, emportant les deux oiseaux dans sa chute. Ils n’eurent pas le temps de s’écarter et ils finirent au sol dans un fracas assourdissant. Lorsqu’Ayela se releva, elle avait une patte brisée et une longue estafilade sur le poitrail, créée par une branche pointue qui l’avait entaillée. Dunari, lui, gisait au sol dans une mare de sang. Ayela s’approcha de lui en boitant et vit qu’une longue branche transperçait le ventre de son frère. Elle se précipita vers lui :

« Dunari ! Oh non… Ne bouge pas, je vais te soigner, je vais t’enlever cette branche, tu vas guérir, tu…
- Ayela…, souffla son frère. Je suis désolé… Tellement désolé… Je ne pourrai pas… t’emmener voir l’océan… Ma promesse…
- Chhhht, Dunari, économise tes forces, ne bouge pas, tu vas t’en sortir. Tu es fort, tu vas survivre…
- Non, Ayela… Mais promets-moi… de continuer à sourire… quoi qu’il arrive… Tu es si belle quand tu souries.
- Dunari, pitié…, sanglotait-elle. Ne me quitte pas…
- Je n’ai pas le choix, sœurette… Mais toi, tu peux vivre… Vis et sois heureuse… Fais-le pour moi… Pour Sidkoe, Ener, et Nilia… Pour Papa et Maman… Ils ne voudraient pas que tu sois triste… Sois forte. Et ne te départis jamais de ta joie de vivre… Vis tes rêves… Va voir l’océan, d’accord ? Et ne cesse jamais de sourire… Tu veux… bien faire ça pour moi ?
- Bien sûr, Dunari… »

Ayela, malgré ses larmes et son chagrin, esquissa un sourire. Dunari le vit, et fit de même. Puis, dans son dernier soupir, il souffla :

« Merci… Je t’aime, sœurette… »

Sa poitrine s’affaissa, et il ferma les yeux. Ayela éclata en sanglots tandis que la chaleur désertait peu à peu le corps de son frère.

« Je t’aime aussi, frérot… »

Une fois ses larmes taries, Ayela retira la branche meurtrière du corps de son frère pour l’enterrer dignement, au pied d’un vieil arbre voisin. Elle décora la tombe avec un rond de galets blancs, au centre duquel elle planta des graines de pissenlit, les fleurs préférées de son cher frère. Puis elle partit clopin-clopant, s’éloignant de la tombe, un sourire aux lèvres. Elle avait décidé de respecter sa dernière volonté. Toujours. Elle irait voir l’océan, serait joyeuse et heureuse, et sourirait tout le temps. Elle se l’était juré. Elle resta quelques temps sédentaire, le temps de soigner ses blessures, puis se mit en route, portée uniquement par ses courtes ailes, ses pattes frêles et son cœur empli d’espoir.  

Derrière l'écran

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